"L'éducation doit être le pilier de la croissance économique et du développement en Afrique du Sud"
Stevie Megens
Stevie Megens, directrice de FXB Afrique du Sud, parle de ce qui peut être fait pour aider les enfants issus de milieux défavorisés à s’épanouir dans l’une des sociétés les plus inégalitaires du monde.
Depuis plus de vingt ans, FXB mène des programmes de soutien para-scolaire et de développement des compétences dans différentes régions d’Afrique du Sud, principalement dans les bidonvilles de Johannesburg, Nigel et Witbank, pour les enfants vulnérables vivant en situation d’extrême pauvreté.
Venir en aide aux enfants démunis en Afrique du Sud
“Notre objectif est de donner aux jeunes les moyens de surmonter leurs peurs et leurs frustrations, de les protéger contre toutes sortes d’abus et de leur donner les outils nécessaires pour affronter la vie avec confiance”, explique Stevie Megens, qui travaille pour FXB Afrique du Sud depuis le tout premier jour et occupe le poste de directrice pays depuis douze ans. “Nous leur apprenons à reconnaître qui ils sont vraiment, à respecter autrui en tant qu’être humain, et les aidons à assumer la responsabilité des choix qu’ils font”.
Dans l’une des sociétés les plus inégalitaires du monde, avec un système éducatif notoirement déficient, ce n’est pas une mince affaire : soutien scolaire et formation au développement personnel ; programmes de sensibilisation au VIH/Sida, à la dépendance aux drogues et à l’alcool, à la puberté, aux grossesses prématurées, à la prévention du suicide ; soutien nutritionnel aux familles démunies ; soutien et conseils psycho-sociaux ; fourniture d’uniformes et de fournitures scolaires… la liste est longue : FXB Afrique du Sud travaille à tous les niveaux pour venir en aide aux jeunes enfants, ainsi qu’à leurs familles, pour qui la vie s’est trop souvent résumée à une lutte quotidienne pour survivre.
“Depuis leur création, nos programmes FXB en Afrique du Sud ont prouvé qu’ils avaient un impact positif sur les résultats scolaires de nos enfants bénéficiaires, la fréquentation scolaire, l’apprentissage social – et surtout ont contribué à combler les écarts de réussite de nos élèves à faible revenu”, note Stevie, qui, avant de rejoindre FXB, a travaillé pendant des années dans une école maternelle et pour des ONG s’occupant des personnes vulnérables vivant avec le VIH/Sida.
L’éducation, moteur de lutte contre les inégalités
Afin de s’attaquer aux inégalités, FXB n’a pas choisi au hasard les communautés où elle opère. “Chômage, criminalité, violence, VIH/SIDA et dépendance aux drogues et à l’alcool sont sont très répandus dans les bidonvilles où nous travaillons”, commente Stevie, expliquant de quelles manières le système éducatif sud-africain, en particulier dans les bidonvilles, ne fait que perpétuer les inégalités structurelles – et enferme ainsi une grande partie de la population dans l’extrême pauvreté.
“C’est pourquoi l’éducation et le développement des compétences doivent être le pilier de la croissance économique et du développement en Afrique du Sud”, affirme-t-elle. “Nous sommes persuadés qu’une main-d’œuvre plus qualifiée et compétente devrait être employée pour aider les écoles et les jeunes peu performants à maintenir un niveau d’éducation élevé. C’est la clé pour avoir un impact positif sur nos jeunes défavorisés”. De nombreuses études internationales viennent confirmer le point soulevé par Stevie, soulignant que les bidonvilles sud-africains représentent un énorme potentiel de croissance et de développement qui demeurent inexploités jusqu’à ce jour.
Aider les bénéficiaires FXB malgré le COVID-19
Puis est arrivée la pandémie COVID-19. Cinquième pays le plus touché au monde au plus fort de l’épidémie, l’Afrique du Sud a mis en place l’un des confinements les plus stricts au monde. Et ses familles à faible revenu, qui vivent souvent dans des conditions précaires et dans des bidonvilles surpeuplés dépourvus des services les plus élémentaires, ont été particulièrement touchées.
“Nous avons dû interrompre nos programmes en raison de la longue période de confinement”, explique Stevie, “et nous n’avons pas pu être en contact direct avec nos bénéficiaires, dont beaucoup dépendent quotidiennement des services de FXB”.
“Toutes ces personnes avaient besoin de notre aide, maintenant plus que jamais : beaucoup de tuteurs ou de parents ont perdu leur emploi et leurs revenus, et n’étaient plus en mesure de se procurer les produits de première nécessité ou la nourriture nécessaire pour nourrir leurs enfants. L’inquiétante hausse de la violence domestique dans tout le pays a également eu des conséquences terribles sur les enfants et les familles”, ajoute Stevie. “Heureusement, nous avons pu relever ces défis et garantir la sécurité des enfants en restant constamment en communication avec nos bénéficiaires et leurs familles”.
En plus de fournir un soutien nutritionnel à toutes les familles, de soutenir les écoles avec des surplus de nourriture et des dons d’équipements sanitaires personnels, “nous avons introduit des innovations éducatives pour garder les enfants occupés, divertis et en sécurité à la maison, et sommes restés en contact avec eux en mettant en place des plateformes de communication WhatsApp fonctionnant 24 heures sur 24 pour chacun de nos programmes para-scolaires. Nous avons également fourni à nos bénéficiaires des livres d’exercices ludiques qui contenaient des leçons de vie, des histoires, des jeux, des puzzles et des travaux artistiques, que nous avons livrés à leur domicile pendant le confinement”.
Faire face à l’adversité
Retracer tous les malheurs qui ont frappé les familles sud-africaines vulnérable au cours de ces derniers mois est une tâche quasi-impossible : des directeurs qui ont découvert que leurs écoles avaient été vandalisées et cambriolées, aux enfants contraints de rester en quarantaine dans des foyers violents et abusifs, en passant par les habitants des bidonvilles atteints du VIH, du cancer et d’autres maladies graves qui ont dû renoncer à une aide médicale, soit par nécessité, soit par crainte de contracter le virus. Pour ne citer que quelques-uns des nombreux témoignages déchirants venant d’une population qui a déjà tant souffert.
Mais ce n’est pas la leçon que Stevie souhaite garder en mémoire. “Ce qui nous a le plus frappés, c’est la résilience dont ont fait preuve les familles pendant le confinement. Les parents exhibaient une telle positivité et un tel optimisme, malgré le fait que beaucoup d’entre eux aient perdu leur emploi et que leur principale préoccupation était de savoir comment ils allaient nourrir leurs enfants”, dit-elle. “Ils ont toujours été incroyablement accueillants et heureux de participer aux différentes activités que nous avons proposées ou demandées aux enfants, comme jouer à des jeux ou lire des histoires, et même filmer leurs enfants en train de réciter des poèmes écrits pendant le confinement, ou montrer les masques qu’on leur avait demandé de faire”.
“Il y a tant d’histoires qui nous ont profondément touchés. Voir à quel point ils étaient reconnaissants pour les colis alimentaires que nous avons distribués et le soutien psycho-social que nous avons offert, ainsi que la façon dont nous avons pu, malgré toutes les difficultés, apporter un peu de réconfort dans leurs maisons, grâce au soutien indéfectible de nos donateurs : c’est réellement cela qui nous permet de continuer notre travail dans des moments comme celui-ci”, conclut-elle.