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"En Inde, les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables aux abus et à la violence"

Mamta Borgoyary

Mamta Borgoyary, présidente de FXB India Suraksha, explique ce que fait l’organisation pour protéger les populations les plus vulnérables contre les abus, l’exploitation et la violence sous toutes ses formes.

L’Inde a été l’un des premiers pays où FXB a commencé à travailler, dès 1991. Après s’être initialement concentrée sur l’aide aux familles touchées par le VIH/SIDA, l’équipe de FXB Inde a élargi son champ d’action, de programmes communautaires de lutte contre la pauvreté VillageFXB à des activités liées à l’accès aux soins de santé, à l’assainissement et à l’hygiène.

Mais au cœur de l’action de FXB : la protection des personnes vulnérables, en particulier des femmes et des enfants. L’organisation a été fondée avec pour mission de mettre en œuvre et de promouvoir les droits de l’enfant, tels que définis par la Convention des droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989, concernant les enfants orphelins ou infectés par le VIH/sida. Au fil des années, FXB a diversifié son action afin d’inclure les familles et les enfants touchés par de multiples facteurs de vulnérabilité, notamment les conflits, l’exclusion et la pauvreté.

Les actions de FXB en Inde reflètent cette ambition : « L’objectif est de réduire et de prévenir toutes sortes d’exploitation ciblant les personnes plus vulnérables, notamment en termes de traite des êtres humains, d’exploitation sexuelle, de violence contre les femmes ou de travail forcé des enfants », explique Mamta Borgoyary, directrice de FXB India Suraksha, reconnue comme organisation locale à but non lucratif depuis 2007 qui emploie plus de 115 personnes dans 10 États, avec son siège à New Delhi.

À la source de la traite et de l’exploitation d’êtres humains

FXB Inde intervient à chaque étape du processus. « En matière de prévention, nous travaillons principalement dans les districts sources de l’Inde, véritables hotspots de la traite d’êtres humains », poursuit-elle, en particulier dans le nord-est du pays et dans les zones tribales orientales, comme le district de Ranchi, où les programmes de FXB ont été reconnus, il y a quelques années, comme l’un des meilleurs modèles d’action par UN Women lors du Forum de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.

« Toutes nos actions sont menées en coopération avec les communautés locales, les institutions gouvernementales, les médias, mais également avec d’autres acteurs qui pourraient identifier les victimes du trafic d’êtres humains, comme les leaders religieux ou les syndicats de taxis ».

Le trafic d’êtres humains continue néanmoins de se développer, notamment du fait d’un manque de connaissance et de sensibilisation, faisant de la formation et du renforcement des capacités un axe d’action d’autant plus crucial. « Les équipes de FXB India Suraksha organisent et dirigent des sessions de formation avec une grande diversité d’acteurs, y compris avec des juges, des journalistes, des organisations sociales, mais principalement avec les forces de l’ordre. À titre d’exemple, nous avons déjà formé environ 12 000 policiers à travers l’Inde sur des questions liées à la protection et à la sécurité des enfants », note Mamta.

FXB india protection children

Une heure pour aider les enfants en détresse

Mais avec un enfant qui disparaît toutes les dix minutes dans tout le pays, et une femme sur trois victime de violences domestiques, la prévention ne suffit pas, et l’organisation fournit une assistance directe aux personnes dans le besoin. « L’un de nos programmes phares dans ce domaine est la ligne d’assistance téléphonique non-stop “Childline 1098”, que FXB gère dans les districts de Manipur et d’Uttar Pradesh, conformément à la politique nationale du gouvernement », souligne Mamta. “Chaque fois que nous recevons un appel d’un enfant en détresse, l’objectif est de répondre et de le secourir dans l’heure qui suit. Nous travaillons ensuite à sa réinsertion et à sa réhabilitation, soit en réunissant l’enfant avec sa famille si c’est dans son intérêt, soit en utilisant des moyens alternatifs, comme les foyers d’accueil ».

« Cette ligne d’assistance téléphonique n’est évidemment pas le seul moyen dont nous disposons pour identifier les victimes d’abus ou d’exploitation. Grâce à notre réseau de sensibilisation et de prévention, nous recevons aussi régulièrement des tuyaux ou informations anonymes. Cela nous a permis, par exemple, de libérer près de 200 femmes népalaises trafiquées à travers l’Inde l’année dernière, lors d’un raid mené en coordination avec les forces de l’ordre indiennes ».

L’ampleur de la traite d’êtres humains et de l’exploitation des enfants en Inde a poussé FXB India Suraksha, désormais présent dans 10 États et territoires de l’Inde, à lancer au fil des ans un nombre croissant d’activités dans ce domaine. Du programme MUKTI (“Liberté”, en hindi), visant à lutter contre les abus sexuels sur mineurs et le trafic d’êtres humains dans cinq États (Assam, Manipul, Bengale occidental, Delhi et Goa), au Foyer FXB de Jaipur, destiné à intercepter et à prendre en charge les enfants de rue qui se sont enfuis de leur maison ou ont été abandonnés par leur famille, Mamta et son équipe mettent en œuvre, au quotidien, la philosophie de la fondatrice de FXB, Albina du Boisrouvray : un engagement en faveur des problèmes oubliés de personnes oubliées dans des lieux oubliés.