Près de 50 millions de femmes poussées sous le seuil de pauvreté du fait de la pandémie, selon un nouveau rapport de l'ONU

Publié le 22 septembre 2020

Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la pandémie COVID-19, des dizaines de millions d’entre elles devant être poussées sous le seuil de pauvreté, selon un nouveau rapport. Voici les principales conclusions de ce rapport.

47 millions de femmes et de filles poussées sous le seuil de pauvreté en raison de la pandémie de COVID-19

Selon un récent rapport publié par l’ONU Femmes et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la pandémie touche, bien que de façon inégale, tous les groupes de personnes quels que soient leur âge, leur sexe ou leur nationalité. Au total, environ 96 millions de personnes additionnelles pourraient tomber dans l’extrême pauvreté d’ici 2021. La pandémie ne fera qu’accentuer les disparités régionales, et aura un impact particulièrement important en Asie centrale et méridionale et en Afrique subsaharienne, deux régions qui concentrent déjà 87 % des populations frappées par l’extrême pauvreté dans le monde.

Les femmes, en particulier celles en âge de procréer, seront toutefois particulièrement touchées par la pandémie et ses retombées économiques.

Selon les estimations réalisées par le Pardee Centre for International Futures de l’Université de Denver, 47 millions de femmes et de filles supplémentaires seront poussées sous le seuil de pauvreté en raison de la pandémie de COVID-19, marquant une augmentation de plus de 9% du taux de pauvreté des femmes entre 2019 et 2021 (avant la crise, les projections prévoyaient une baisse de 2,7 % sur la même période).

Cela devrait porter à 425 millions le nombre total de femmes et de filles vivant avec moins de 1,90$ par jour. D’ici 2021, il y aura 118 femmes vivant en situation de pauvreté pour 100 hommes, un ratio qui pourrait grimper à 121/100 d’ici 2030.

Pandémie ou non, l’autonomisation économique des femmes constitue un pilier essentiel pour construire des sociétés plus inclusives, et a toujours été au coeur de tous nos programmes de développement communautaire.

Selon le rapport des agences onusiennes, il faudra au moins attendre jusqu’à 2030 pour revenir aux niveaux pré-pandémie, marquant ainsi un tragique recul en termes de lutte contre la pauvreté et de renforcement des capacités des populations vulnérables à travers le monde.

La pandémie mondiale expose et accentue les inégalités entre les hommes et les femmes

Ce rapport constitute l’une des études les plus approfondies concernant l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les inégalités de genre.

D’un point de vue purement économique, les femmes sont nettement plus susceptibles de perdre leur emploi ou leur source de revenus principale du fait de la crise, et moins à même de pouvoir compter sur des économies ou des mesures de protection sociale qui auraient atténuer, du moins en partie, la perte de revenus. En outre, les femmes sont sur-représentées dans les secteurs les plus directement touchés par la crise, y compris l’hébergement, l’hôtellerie, la restauration ou les services domestiques.

Les inégalités de genre exposées par la pandémie sont multiples : les femmes sont notamment exposées à une recrudescence des cas de violence domestique en raison des mesures de confinement, et doivent par ailleurs assumer la majeure partie des tâches familiales et du travail domestique non-rémunéré, tout en ayant la charge de l’éducation de d’enfants souvent contraints de demeurer à la maison du fait de la fermeture des écoles. Dans certains pays, les données préliminaires font également état d’une tragique augmentation de la mortalité maternelle dans les pays en développement disposant de faibles infrastructures de santé.

L’égalité entre les hommes et les femmes passe, avant tout, par le fait de donner une voix à celles qui n’en ont pas, et protéger les femmes contre tous les types d’abus, de violence et d’exploitation.

Bien que les femmes – notamment les 750 millions d’entre elles travaillant dans l’économie informelle – demeurent en marge des efforts de relance, elles se trouvent en première ligne de la lutte contre la crise sanitaire mondiale : selon les estimations, les femmes représenteraient 70 % de la main-d’œuvre dans les secteurs de la santé et des services sociaux à travers le monde. Selon certaines données, le taux d’infection au COVID-19 des femmes travaillant dans le secteur de la santé peut, dans certains pays, être trois fois supérieur à celui de leurs homologues masculins.

Aider les femmes les plus vulnérables

« Les preuves que nous avons ici des inégalités sont essentielles pour conduire une action politique rapide qui place les femmes au cœur de la reprise de la pandémie », affirme la directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Bien que le rapport dresse un tableau sombre de la situation, les données présentéss ici ne constituent, pour l’instant, que des estimations ; des estimations qui se matérialisent progressivement au fil des jours et des semaines qui passent sans engagement décisif de la communauté internationale en faveur des femmes. Comme le préconisent également les auteurs du rapport, la mise en œuvre de stratégies visant à améliorer l’accès des femmes à l’éducation et aux soins de santé, au planning familial, à l’égalité de revenus et aux prestations sociales peut permettre à des dizaines de millions de femmes et de filles de sortir de l’extrême pauvreté au cours des prochaines années. La pandémie ne peut servir de prétexte pour reporter ces mesures indéfiniment, mais doit servir de signal d’alarme pour intensifier nos efforts en faveur des populations les plus vulnérables.