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FXB au Burundi par Albina du Boisrouvray

FXB au Burundi

La mission de FXB, que j’ai fondée en 1989 (et qui porte les initiales de mon défunt fils François-Xavier Bagnoud), est de trouver des solutions innovantes pour défendre et remédier aux causes oubliées des personnes oubliées dans des lieux oubliés.

En 1991, la réalité nous a démontré qu’une aide morcelée n’est pas une solution suffisante pour briser le cercle vicieux de l’extrême pauvreté, d’où notre approche globale et holistique.

En Ouganda et dès 1991, nous avons également constaté que dans les situations de pauvreté extrême, fournir uniquement et par microcrédit un outil de travail, qu’on appelle une « activité génératrice de revenus », ne sortait pas les personnes concernées de cette extrême pauvreté.

Alors quoi de plus naturel que d’investir aussi dans une petite entreprise de l’économie locale en l’entourant de l’accès aux droits de base de logement, de nourriture, soins de santé, éducation, eau potable, tel que le faisait FXB pour tous ses autres programmes. Mise en action du paradigme de santé publique du Dr Jonathan Mann de Harvard, c’est-à-dire le lien entre Santé et Droits de l’homme.

En y ajoutant en 1991 un outil de travail immédiatement, voilà apparu un paradigme de développement qui en trois ans permet aux 80 familles du programme concerné de passer d’une misère absolue à une indépendance sociale et économique, de protéger leurs enfants et de leur fournir un avenir. Réponse intégrée qui en apporte une seule aux causes multidimensionnelles de cette extrême pauvreté.

FXB a aidé 18 millions de personnes depuis 1991

Nous sommes, depuis 1991, l’étape préalable et préparatoire au microcrédit.

Depuis ce temps et avec ce programme VillageFXB, nous avons sorti 85 000 personnes de l’extrême misère et depuis près de trente ans à travers tous les programmes Fondation et Association FXB confondus, la vie de 18 millions de personnes a été impactée dans un domaine ou un autre.

Au Burundi, nous avons commencé à travailler avec des VillagesFXB, dans la capitale Bujumbura où nous avons rencontré les plus oubliés : les Pygmées.

Par Pygmée, on entend ce peuple de petite taille, cueilleur et chasseur, éparpillé dans les forêts équatoriales de l’Afrique centrale. En langue bantoue appelés Batwa.
Une communauté misérable au Burundi, oubliée sur tous les plans : 1% de la population totale, composée à 14% de Tutsis et 85% de Hutus.

Malgré des textes gouvernementaux, ils continuent de vivre stigmatisés, discriminés dans une infériorité sociale qui porte une atteinte profonde à leur dignité.
90% des Burundais vivent de l’agriculture et de l’élevage. L’ennui c’est que les Batwas considèrent leur droit à la terre comme collectif ! Or au Burundi ce droit n’est pas reconnu. Et les terres sont rares avec 437 habitants au kilomètre carré !

Pour couronner le tout, les lois foncières en vigueur, datant de l’époque coloniale, fondent la protection des droits coutumiers sur une occupation visible de ces terres. Les peuples cueilleurs-chasseurs laissent très peu de signes visibles, ce qui donne l’apparence d’inoccupation à ces terres qualifiées de vacantes et donc consacrées à des usages publics ou cédées à des particuliers.

Les Batwas sont exclus par les autres ethnies

Ces Batwas, considérés comme des animaux sales, doivent s’installer à l’écart, à l’orée des forêts ou dans les vallées.  Ils vivaient de la poterie en milieu rural. Mais ce métier, comme celui de la forge ou du tissage des nattes, n’est plus d’actualité. Certains continuent, disent-ils, à faire de la poterie pour ne pas oublier un métier traditionnel. Mais la plupart commencent à travailler comme main-d’œuvre dans les champs de paysans nantis, moyennant un peu de nourriture ou un maigre salaire, situation de travail semblable à celle aujourd’hui des réfugiés syriens dans les camps ruraux libanais.

Cette rémunération insuffisante est une autre forme d’exploitation des Batwas du Burundi par les autres ethnies.

Qu’ils ne soient pas traités sur un pied d’égalité est visible lors des fêtes comme les mariages. Cette fête implique un partage des mets et des boissons. Les Batwas mangent à part et boivent à part, les autres ethnies ne leur permettant pas de s’approcher trop près d’eux ni de toucher les ustensiles de cuisine ou les couverts.

Des mariages mixtes sont inimaginables…

Très récemment il y a eu un sursaut.

Des organisations autochtones batwas se sont organisées activement pour le respect des droits des peuples autochtones, celle de leurs territoires, la recherche de modèle de développement et de conservation. De cela est née l’ « Uniproba » (Unissons-nous pour la promotion des Batwas) et la concession de trois places au Parlement et trois au Sénat avec l’espoir un jour de faire partie des commissions gestionnaires du pays.
C’est un petit progrès mais encourageant.

À Buterere, dans la banlieue de Bujumbura au Burundi où nous avons implanté des VillageFXB, il y a un site appelé Nyarumanga, habité à 90% par la communauté batwa.
Ces personnes n’ayant aucune source de revenu en sont réduites à ramasser de la nourriture et des déchets jetés sur la décharge des ordures de Buterere.
Parmi les 400 ménages de ce site, une vingtaine de familles batwas ont été choisies par FXB pour s’en sortir.

Dorothée en fait partie.

Elle nous a raconté son histoire en pleurant.

Cette famille remplissait pleinement les critères d’éligibilité.

Et d’un quotidien de survie sur une montagne d’ordures, Dorothée a accédé à une activité génératrice de revenus. Elle a créé une petite entreprise qui répond à des nécessités de l’économie locale, dans laquelle la voilà maintenant partie prenante, qu’elle développe avec ambition et qui lui permet de se substituer à FXB, après trois ans, pour fournir à ses enfants nourriture, logement, santé, éducation et épargne, les cinq facteurs dont l’absence entretient le cycle de pauvreté extrême.

Albina du Boisrouvray