Albina du Boisrouvray

Le 8 mai 2002, Albina du Boisrouvray présente au Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, une banderole représentant deux millions de signatures du monde entier. Chaque nom est une maille qui tisse ce gigantesque filet de sécurité symbolique. Elles demandent aux gouvernements de prendre des mesures urgentes et prioritaires pour les millions d’orphelins et d’enfants vulnérables laissés par le sida dans son tragique sillage.
« Albina a défendu la cause des enfants orphelins du SIDA depuis le début de la pandémie, alors que peu de gens avaient la compréhension, le courage et la détermination nécessaire pour faire entendre leurs voix. » (Dr. Peter Piot, ancien Directeur Exécutif du Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA – ONUSIDA).
Albina avant FXB
Après une enfance à New York et une adolescence cosmopolite, Albina du Boisrouvray s’intalle dans le canton du Valais, en Suisse, où elle rencontre et épouse Bruno Bagnoud. Après la naissance de son fils François-Xavier en 1961, elle étudie la psychologie et la philosophie à l’Université de la Sorbonne à Paris.
Journaliste indépendante, Albina du Boisrouvray écrit notamment pour le Nouvel Observateur. Son scoop sur les circonstances de la mort de Che Guevara est publié par l’Express et par des chaînes de télévision françaises et scandinaves.
De 1969 à 1986, elle travaille dans la production cinématographique, avec un documentaire pour Pathé : « 36, le grand tournant » puis, à travers Albina Productions. En 17 ans, sa société produit 22 films dont “les Zozos” (1972) premier film de Pascal Thomas, “Police Python” (1975) d’Alain Corneau, “L’important c’est d’aimer“ (1975) d’Andrzej Zulawski, « Je suis timide mais je me soigne » (1978) de Pierre Richard ou “Fort Saganne“ (1984) d’Alain Corneau.
Après la mort de son fils unique, François-Xavier, en 1986, Albina vend son entreprise de production cinématographique ainsi que les 3/4 de ses biens personnels et s’engage à Médecins du Monde aux côtés de Bernard Kouchner, avec qui elle partira en mission notamment au Liban.
Elle met dès lors toute son énergie, sa crédibilité et son expérience d’entrepreneur au profit de l’assistance humanitaire, du développement économique et social durable et de la recherche en créant de multiples programmes à travers le monde, aux premiers rangs desquels le modèle innovant de réduction de la pauvreté VillageFXB, en 1991, ou la création du Centre FXB pour la Santé et les Droits de l’Homme à la Faculté de Santé publique de l’Université de Harvard, en 1992.
La création de FXB
François-Xavier était un jeune pilote d’hélicoptère spécialisé dans le sauvetage, sa passion et son engagement. En 1989, elle créée la Fondation François-Xavier Bagnoud ainsi que l’Association François-Xavier Bagnoud (FXB International), une organisation non-gouvernementale, afin de poursuivre, dans le domaine du développement, les missions qu’il menait et perpétuer les valeurs de générosité et de sauvetage qui guidaient sa vie.
La mission de FXB est de fournir aux familles extrêmement pauvres les outils et le soutien dont elles ont besoin pour devenir socialement et économiquement autonomes et donner un futur digne à leurs enfants. Présente dans 12 pays et comptant plus de 350 collaborateurs, FXB mène des programmes dans les domaines du développement économique communautaire (VillageFXB), de l’éducation, de la santé, de la protection et du changement climatique.
Le Modèle de réduction de la pauvreté VillageFXB
La principale innovation de l’approche adoptée par FXB, dès 1991, repose sur le DON d’un capital d’amorçage – à la place d’un prêt – pour permettre le renforcement économique des familles participantes des programmes VillageFXB. En effet, ce petit capital – associé à des formations en gestion d’entreprise et en littératie financière – donné aux participants la première année du programme va leur permettre de lancer des Activités Génératrices de Revenus (AGR/microentreprises) et faciliter leur inclusion financière sans se soucier d’avoir un emprunt à rembourser. Le soutien financier de FXB se réduit à mesure que l’indépendance économique des familles se confirme. En effet, les microentreprises nouvellement créées leur permettent d’obtenir progressivement un revenu suffisant pour faire face à leurs besoins quotidiens et continuer à prospérer après la fin du programme.
Depuis 1991, FXB sort chaque jour 10 personnes de la pauvreté à travers ses programmes VillageFXB.
Prix et Distinctions
2019 : le Conseil d’administration de la Jodhpur School of Public Health en Inde décerne à Albina le Prix d’Excellence en diplomatie de santé publique globale en reconnaissance de son remarquable travail accompli au Rajasthan depuis 1996.
2017 : le Centre Européen de Musique à Bougival (France) inscrit son nom au sein de l’Académie d’Honneur constituée au nom des bienfaits thérapeutiques de la Musique.
2016 : Albina est promue Officier de la Légion d’Honneur. Cette nouvelle reconnaissance au plus haut niveau de l’État français souligne l’ampleur et la qualité de l’action qu’elle a menée sans relâche durant ces 27 dernières années en faveur des plus démunis.
2014 : Albina reçoit, en Inde, le Kalinga Institute of Social Sciences (KISS) Award. Ce prix honore et reconnaît des personnes qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la société dans divers domaines liés à des problèmes sociaux et qui se sont distingués en tant que véritables acteurs humanitaires.
2011 : Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture et de la Communication, lui décerne le grade d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
2009 : Attribution du Prix Spécial du Jury BNP Paribas qui consacre les 20 ans de FXB International aux côtés des orphelins du sida et des enfants vulnérables. Doté de 50’000 Euros, ce prix remis par Michel Pébereau, Président de BNP Paribas, salue des femmes et des hommes remarquables pour leur éthique, leur implication personnelle et l’exemplarité de leurs actions.
2009 : le Président Français, Monsieur Nicolas Sarkozy, lui remet les insignes d’Officier dans l’Ordre National du Mérite. Durant son discours, le Président a honoré le travail et l’engagement d’Albina du Boisrouvray : « Votre ONG est un modèle à travers le monde. Vous êtes une femme engagée. Votre solidarité est exemplaire et c’est la raison pour laquelle la République va vous distinguer ».
2008 : Un documentaire lui est consacré dans le cadre de la collection Empreintes de France 5. « Au nom du fils » a été réalisé par Olivier Horn et produit par Gédéon Programmes et France 5, avec la participation de la TSR et du CNC. De la Thaïlande à la Birmanie, de l’Ouganda aux alpes suisses, ce documentaire nous entraîne aux côtés d’Albina et à la rencontre des bénéficiaires de ses programmes. Il remonte aux sources de son exceptionnel parcours, livre sa conception de l’humanitaire et éclaire sur le sens de ses engagements. Ce film est le témoin d’un destin unique marqué par le don de soi, les convictions d’une femme engagée, le courage et l’amour d’une mère.
2007 : La Fédération nationale des Clubs Convergences lui remet à Lyon un trophée pour la récompenser pour son engagement en faveur des orphelins et des enfants vulnérables affectés par le sida dans le monde.
2004 : Attribution du prestigieux « Thai Komol Keemthong Foundation Award of Outstanding Personality 2004 » pour le travail entrepris depuis le début des années 90 en Thaïlande et au Myanmar.
2003 : Remise du « Life Time Contribution Award » en reconnaissance aux actions qu’elle mène dans l’ensemble des 35 États et Territoires de l’Union Indienne. Cette même année, la Rutgers University (anciennement Faculté de Médecine et de Dentisterie) du New-Jersey (États-Unis) lui décerne le titre de « Doctor of Humane Letters ».
2003: Le titre de « Doctor of Human Letters » lui est décerné par la Rutgers University (anciennement Faculté de Médecine et de Dentisterie) du New-Jersey.
2002 : Avec Xanana Gusmão, Président du Timor Est, elle reçoit le Prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe. Ce prix est décerné chaque année à deux personnalités, l’une du Sud, l’autre du Nord, ayant contribué activement par leurs réalisations au développement et à la défense des principes de protection des droits de la personne, à la démocratie pluraliste et à la solidarité Nord-Sud.
2002: Grâce aux projets innovateurs qu’elle crée et dirige au sein de FXB, Albina a fait partie des 30 premiers membres du « Social Entrepreneurs Group » de la Fondation Schwab. Cette reconnaissance permet aux entrepreneurs sociaux du groupe de participer au World Economic Forum de Davos pour présenter et partager leur expertise avec des leaders mondiaux politiques, des affaires, de la société civile et du secteur public.
2001 : Albina est décorée de l’ordre de la Légion d’Honneur, au grade de Chevalier, par le gouvernement français pour son travail innovateur dans les soins palliatifs à domicile (Centres FXB de soins palliatifs à domicile de Sion (Suisse) et de Paris (France).
2001: Les étudiants d’Harvard l’associent au Prix «Harvard Project for International Health and Development ».
1999 : Prix spécial pour sa « Réponse à la crise des orphelins du sida » lors de la seconde conférence sur les stratégies globales de prévention et de transmission du sida de la mère à l’enfant à Montréal.
1996 : Albina est nommée « John Harvard Fellow » de l’Université d’Harvard.
1993 : Le titre de « Doctor of Humane Letters » lui est décerné par l’Université du Michigan.Titre de « Doctor of Humane Letters » par l’Université du Michigan.
1985 : Albina est décorée de l’ordre des Arts et des Lettres au grade de chevalier et devient le premier producteur cinématographique à recevoir “L’Ordre National du Mérite“.
Les publications d’Albina
2010: Alayne Adams, Albina du Boisvray et Bilgé Ogun Bassani publient « FXB’s Development Approach: Foundational Values and Strategies« qui met en évidence les valeurs fondamentales de FXB : les droits de l’enfant, la primauté des familles, l’importance de l’expertise locale, le renforcement des capacités, la formation continue et la restauration de la dignité humaine.
2015: Publié par Julio Frenk et Steven J. Hoffman en 2015, « Sauver l’Humanité : Ce qui Compte le Plus pour un Avenir en Bonne Santé« , vise à partager les idées novatrices de personnes les plus pertinentes autour du monde. Dans le Chapitre 13, « La Santé n’est pas Seule », Albina du Boisrouvray décrit comment, pour améliorer la santé, tous les autres besoins humains fondamentaux doivent absolument être satisfaits.
2015 : A l’occasion des 25 ans de FXB, Albina du Boisrouvray a souhaité rendre le modèle VillageFXB accessible à d’autres organisations qui souhaiteraient renforcer leur approche dans la lutte contre l’extrême pauvreté en publiant le « FXBVillage Toolkit and Planning Guide« .
2022: Albina publie « Le Courage de Vivre« , un livre qui retrace l’itinéraire d’une femme libre et engagée dans son temps, ayant su transformer les épreuves de la vie en richesse inégalable.
Activiste, humaniste, écologiste, Albina du Boisrouvray est de ces figures qui marquent par le courage et la force de leurs actions. Métisse héritière d’une grande famille franco-bolivienne, rebelle, elle a passé son enfance dans les palaces aux quatre coins du monde. Elle a très tôt coupé les ponts avec ce milieu des paillettes et ses facilités. De mai 68 à l’écologie ainsi qu’à Médecins du Monde, elle n’a cessé d’affirmer son engagement dans les luttes majeures de la deuxième moitié du XXe siècle, avant de dédier sa fortune à l’aide humanitaire militante et au sauvetage des enfants à travers le monde.
Si la vie de celle qui fut par ailleurs une brillante productrice de cinéma a de quoi faire rêver, elle cache pourtant de nombreuses blessures dont la plus profonde: la mort tragique de son fils François-Xavier, lors du Paris-Dakar de janvier 1986, dans le crash de l’hélicoptère à bord duquel il transportait Thierry Sabine, directeur de la course et Daniel Balavoine
Les campagnes d’Albina
La Route des Droits de l’Enfant
La première action d’Albina, avec la création de FXB en 1989, a été de s’engager, aux côtés de Médecins du Monde, dans un pèlerinage maritime symbolique : ‘’La Route des Droits de l’Enfant’’ qui, reliant Nantes à New York via les côtes africaines et les Antilles, visait à promouvoir l’adoption de la Convention des Droits de l’Enfant par l’ONU. A New-York, ils ont été reçus par Javier Perez de Cuellar, alors Secrétaire Général des Nations Unies, avec qui ils ont partagé leurs réflexions et leurs préoccupations. Une déclaration issue de cette rencontre enjoignait les gouvernants à ratifier et mettre en œuvre la Convention des Droits de l’Enfant.
Les Droits de l’Enfant sont au cœur des actions de FXB. Chacun de ses programmes se veut une réponse à la mise en pratique – dans le quotidien des enfants – de leurs droits tels qu’ils ont été définis par la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, cette même année, le 20 novembre 1989.
Sauvetage en Thaïlande
En 1990, Albina crée FXB Thaïlande et ouvre, en partenariat avec le CPCR et MSF, quatre Maisons FXB d’accueil d’urgence destinées à recueillir des filles échappées des bordels ou évacuées par la police à Bangkok, Chiang Mai et Chiang Rai.
En juillet 1992, FXB reçoit un appel au secours de jeunes femmes travaillant à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie. Elles sont soumises à un véritable esclavage sexuel, battues, mal nourries et très exposées au VIH /sida. Albina du Boisrouvray alerte alors Saisuree Chutikul, conseillère auprès du Premier Ministre thaïlandais et chargée de la condition féminine et de la prostitution enfantine. La police procède à un raid et libère 153 femmes et jeunes filles, dont 95 jeunes birmanes. Agées de 14 à 20 ans, 50% d’entre elles sont séropositives. Elles seront rapatriées dans leur pays d’origine quelques mois plus tard. En septembre 1993, FXB y ouvre un programme qui va proposer une réinsertion individualisée, en fonction des aspirations et des aptitudes de chacune de ces jeunes femmes.
Deux ans plus tard, à la suite de cette opération de sauvetage, un Comité National – constitué de représentants du gouvernement Thaï, d’ONGs dont FXB et d’organismes tels qu’UNICEF, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ou l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) – a été formé afin de mettre sur pied un plan d’action national pour combattre la prostitution et le trafic d’êtres humains vers la Thaïlande et organiser des actions de lobbying.
FXB a ainsi contribué à ouvrir la voie vers une amélioration de la législation nationale thaïlandaise grâce à la « Loi sur la prévention et la répression du trafic de femmes et d’enfants » adoptée en 1997.
Uruguay
En 1992, Albina crée FXB Uruguay et ouvre la Casa FXB de Montevideo qui propose un projet éducatif pour les enfants des rues et des adolescents vulnérables afin de leur permettre de trouver des voies pour affronter les difficultés dues à la pauvreté et d’élaborer un projet de vie.
A l’issue d’une longue campagne lancée par Albina, de nombreuses familles des jeunes de la Casa FXB sont parvenues à bénéficier d’un logement décent. FXB a ensuite initié le développement d’activités agricoles visant à améliorer la qualité de vie de ces familles, tant au niveau économique qu’au niveau de l’accès à une alimentation correcte. Par ailleurs, FXB a collaboré à une initiative de l’UNICEF visant à inclure une nouvelle ligne dans le budget national afin d’apporter un soutien financier aux familles prenant en charge des orphelins.
Brésil
En 1994, Albina créée FXB Brésil et ouvre la Maison FXB de Sao Paulo pour des enfants orphelins, séropositifs ou malades du sida.
Suite de l’action conjointe de FXB et de plusieurs ONG brésiliennes, la Chambre des députés a approuvé à l’unanimité la modification de l’article 18 de la Loi sur les brevets (9.279/96), permettant aux entreprises pharmaceutiques brésiliennes de produire des antirétroviraux génériques, de réduire considérablement le prix de la trithérapie et d’en généraliser l’accès.
Journée Mondiale des Orphelins du Sida (JMOS)
En 2002, à l’initiative d’Albina, FXB lance la première Journée Mondiale des Orphelins du Sida (JMOS). Elle crée à cette occasion un filet Symbolique de Sauvetage pour les orphelins du Sida composé de deux millions de signatures (sans l’appui des réseaux sociaux à l’époque), y compris celle du secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan.

Chaque nom est une maille qui tisse ce gigantesque filet de sécurité symbolique.
Les orphelins du sida sont la pointe de l’iceberg qui dissimule des millions d’enfants vulnérables, affectés par la pandémie. Le sida a, en effet, un impact catastrophique sur les familles et les communautés, entraînant une aggravation de la pauvreté. En effet, plus de 95% des enfants touchés par le sida, notamment les orphelins, continuent à vivre avec leurs familles élargies, souvent dans des conditions d’extrême pauvreté.Malgré les progrès réalisés dans le financement de la recherche, la prévention et le traitement du sida, le sort de ces enfants est ignoré ou très insuffisamment pris en compte. FXB travaille avec la conviction que la réponse à donner au nombre croissant d’enfants vulnérables se situe dans une action globale à mener auprès des familles. En renforçant leurs capacités globales et en leur permettant de gagner un revenu stable, elles sont alors en mesure de subvenir à leurs besoins et d’échapper à la pauvreté de manière durable. En brisant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté, les parents peuvent élever dignement leurs enfants – la prochaine génération – et, leur éviter ainsi de se tourner vers le trafic de drogue, la prostitution, la criminalité ou de devenir enfant soldat, une génération larguée.
Il est ainsi urgent que les pouvoirs publics s’engagent de manière forte à intervenir auprès de ces enfants ainsi que des familles et des communautés qui en ont la charge en allouant au moins 10% des fonds destinés à la lutte contre le sida au soutien des orphelins et des enfants rendus vulnérables par le virus.
Global Action for Orphans (GAO) et Global Action for Children (GAC)
A la fin des année 90, Albina lance le Global Action for Orphans (GAO) afin d’attirer l’attention du public et des gouvernements sur la détresse des millions d’orphelins que le sida laisse dans son sillage. Son lobbying avait convaincu le sénateur Kerry de déposer le projet de loi 16/9 au congrès américain ; projet qui n’a pas abouti par manque d’appropriation. Inspiré par le projet de loi Kerry, le sénateur Hyde dépose une nouvelle requête qui va devenir loi publique 108-25, le 17 mai 2003 : Loi de 2003 sur le leadership des États-Unis contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme. Grâce au lobbying pressant de la sénatrice McCollum, cette loi contient un amendement qui demande que 10 pour cent des fonds affectés à ce projet soient dépensés pour l’aide VIH-sida aux orphelins et aux enfants vulnérables touchés par le VIH/sida.
En 2003, Albina du Boisrouvray et Paul Zeitz décident d’élargir ce lobbying aux autres enfants vulnérables en lançant le Global Action for Children (GAC) qui verra officiellement le jour en 2004. Le GAC, dont Albina du Boisrouvray assure la coprésidence et dont la direction est assurée par Jennifer Delaney, a remporté de nombreux succès. Notamment en élaborant un ensemble de recommandations au congrès américain, soutenues par la sénatrice McCollum, qui aboutira, en 2005, à une loi spécifique pour les orphelins et autres enfants vulnérables dans les pays en voie de développement : la loi publique 109-95 (PEPFAR), signée par le Président Georges W. Bush. C’était la première réponse législative globale à la crise mondiale des orphelins et des enfants vulnérables (OEV).
Ces efforts du GAO, jusqu’en 2003, et du GAC ont ainsi permis d’affecter 3 milliards de dollars (10% du financement PEPFAR) pour des programmes pour les orphelins et enfants vulnérables (OEV). Bien que le GAC ait cessé ses activités en décembre 2010, son impact et son travail en faveur des OEV continuent d’avoir un impact sur la vie de millions d’enfants dans le monde.
Clinton Global Initiative
En 2005, Albina rejoint la « Clinton Global Initiative » (CGI) qui rassemble une communauté de leaders du monde entier pour échanger et mettre en œuvre des solutions innovantes pour relever certains des défis les plus urgents du monde. Cette initiative se différencie par sa détermination à changer les choses rapidement et d’être tournée vers l’action de chaque membre participant. La Présidente de FXB a pris plusieurs engagements cette année-là et les années suivantes.
- En collaboration avec Green Belt Movement, FXB a mis en place de mesures pour atteindre la neutralité carbone en atténuant les coûts environnementaux de son activité organisationnelle – tels que les déplacements, l’utilisation de papier, l’éclairage et le chauffage – par la plantation d’arbres.
- En partenariat avec la Fondation des Nations Unies, Albina s’est engagée à convoquer un think tank impliquant des dirigeants économiques clés de secteur public et privé, des agences d’aide bilatérale, des ONG, des ministères de pays en voie de développement et des compagnies internet afin de comprendre comment utiliser de manière efficace les nouvelles technologies dans le domaine de l’aide au développement.
- FXB a également lancé, sur cinq ans, 30 programmes VillageFXB qui allaient sortir 18 000 adultes et enfants de l’extrême pauvreté en Afrique et en Asie.
- En partenariat avec la Société de construction Hindustan (HCC) en Inde, FXB a développé des programmes de sensibilisation et de prévention au VIH/sida à destination des 10 000 employés, souvent des travailleurs migrants vulnérables, des filiales de son partenaire.
- A travers un partenariat et un financement au Peres Center for Peace and Innovation, FXB s’est engagée à fournir des soins et un soutien psychologique aux enfants israéliens et palestiniens affectés par le conflit. Les composantes du projet comprenaient la formation de médecins palestiniens à travers l’octroi de bourses dans des hôpitaux israéliens, l’accès à des soins médicaux pour les enfants palestiniens dans des hôpitaux israéliens et des écoles de football jumelées pour favoriser les amitiés entre les enfants israéliens et palestiniens.
Initiative conjointe de recherche sur les enfants et le sida (JLICA)
En 2006, lancement de l’Initiative conjointe de recherche sur les enfants et le sida (The Joint Learning Initiative on Children and HIV/AIDS – JLICA), dont FXB est l’un des membres fondateurs. Le JLICA est une alliance indépendante de chercheurs, de praticiens, de décideurs, d’activistes et de personnes vivant avec le VIH, dédiée à l’amélioration du bien-être des enfants touchés par le VIH/sida. Le rapport final de l’initiative conjointe de recherche sur les enfants et le sida (JLICA), en 2009, “Des vérités qui dérangent : enfants, sida et pauvreté » plaide pour une réorientation des politiques dans les pays durement frappés par le sida.
Extrait du discours d’Albina lors de la présentation du rapport final à Londres :
Le travail de la JLICA apporte enfin les preuves solides pour convaincre tous ceux qui ont besoin de les entendre et d’agir en conséquence. Il corrobore les résultats d’autres recherches importantes, notamment celles effectuées par l’Equipe de travail inter-institutions pour les enfants sur le VIH et le sida.
Les résultats de la JLICA n’identifient pas de modèle de politique unique applicable à tous les pays. C’est aux décideurs qu’il appartiendra de faire des choix selon les priorités et les opportunités nationales. Toutefois, la JLICA propose une série d’options dans lesquelles les décideurs peuvent avoir toute confiance.
Nous disposons désormais d’informations solides et claires mais nous savons tous que la plus grande difficulté sera de les traduire en actions. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui : pour puiser dans notre immense expérience collective et vision stratégique afin de planifier la marche à suivre pour aider les enfants affectés par le sida et la pauvreté.
Je ne saurais vous dire à quel point je suis heureuse de voir autant d’organisations prendre le problème des enfants vulnérables au sérieux et se donner la main pour trouver des solutions durables. Mon combat était bien solitaire il y a vingt ans, lorsque j’ai décidé de consacrer ma vie aux orphelins du sida et aux enfants vulnérables. Ils ont besoin de notre amour et de notre engagement. Mais, désormais, nous disposons d’un outil merveilleux avec l’Initiative Conjointe de Recherche sur les Enfants et le VIH/sida pour influencer les politiques des gouvernements.
Il est de notre responsabilité à tous de sauver les millions d’enfants engendrés par le sida et les millions d’autres qui vivent dans une extrême pauvreté et qui dérivent loin de leurs sociétés, tous ces enfants que j’appelle la « génération larguée ». En investissant dans ces enfants et dans les familles qui les élèvent, nous rendons notre monde meilleur et plus sûr.
Partenariat avec PalThink for Strategic Sudies à Gaza
En 2017, Albina initie un partenariat avec PalThink for Strategic Studies, un groupe indépendant de réflexion et de travail créé en 2007 à Gaza. L’objectif est de mener à bien des activités visant à promouvoir, diffuser et renforcer le concept, la culture et les principes de la non-violence au sein de la société palestinienne, en ciblant spécifiquement les jeunes de Gaza qui sont la clé pour un changement positif dans la société.
Albina est convaincue qu’investir dans les enfants, la jeunesse et les femmes c’est investir dans la paix et la sécurité à travers le monde.